L'HOTEL LUTETIA
L’hôtel Lutetia est un bâtiment parisien qui a eu beaucoup d'importance lors du retour des déportés. En effet, après l'Occupation où les services de renseignement et de contre espionnage de l'Etat-Major allemand, l'Abwehr, s'y étaient installés, ce palace est devenu le centre d'accueil principal pour les déportés rapatriés.
A partir du 18 avril 1945, l'hôtel est investi pour accueillir des déportés revenant des camps. Ils sont si affaiblis que leur accueil en gare d'Orsay est jugé inadapté.
Des informations et des photographies étaient affichées dans le hall d'entrée pour que les familles de déportés retrouvent leurs proches.
Elisabeth Bidault, dirigeante du COSOR, le Comité des œuvres sociales de la résistance, Denise Mantoux et Sabine Zlatin, une résistante juive surnommée la Dame d'Izieu, organisent l'accueil et la prise en charge des déportés à l'hôtel Lutetia.
« Dans le hall , ils sont happés par la machine qui se veut bienfaisante : le repas pour ceux qui peuvent manger, la visite médicale, l'interrogatoire des divers officiers de police, des enquêteurs du ministère. Il s'agit de dresser leur fiche d'identité, leur catégorie, de ne pas mêler STO, volontaires, déportés, de savoir à quelle prime ils ont droit...
Le plus terrible pour eux c'est l'assaut de ceux qui attendent avec des photos qu'ils leur mettent sous le nez : ''Rappelez-vous, rappelez-vous, si vous l'avez rencontré, vous ne pouvez pas l'oublier'' ».
Témoignage d'Olga Wormser-Migot, Quand les alliés ouvrirent les portes... le dernier acte de la tragédie de la déportation (Robert Laffont, 1965).
Pour beaucoup, cet hôtel sera le cadre d'émouvantes retrouvailles. Mais cela peut parfois prendre des semaines avant d'avoir le moindre signe de vie. Pire on peut y apprendre la disparition d'un proche.
Cet hôtel quatre étoiles est classé parmi les monuments historiques depuis un arrêté de 2007. Il a fêté son centenaire en 2010.
