Certains déportés, comme Léa Feldblum, sont rapatriés par bateau du port d'Odessa, au nord de la mer Noire, en direction de Marseille. Environ 6 000 déportés sont ainsi rapatriés.
Après avoir effectué un long voyage à travers l'URSS, les déportés doivent attendre plusieurs mois avant de pouvoir partir sur les rares bateaux qui font la liaison. Le premier arrive à Marseille le 23 mars 1945, puis un deuxième le 26 mars et un troisième le 1er avril.
Alexandre Kohn, un déporté libéré d'Auschwitz par les Russes à la fin du mois de janvier s'est confié aux historiens du Comité d'Histoire de la Seconde Guerre mondiale. Son témoignage nous apprend qu'il est resté trois semaines à Birkenau après sa libération. Puis, il ajoute que les Russes rendaient visite aux rescapés en tirant en l'air, les faisaient travailler, même les malades. Enfin, "[…] Trois mois après leur libération, un wagon à bestiaux, s'arrêtant cinquante fois, les conduit à Odessa, où ils sont logés correctement dans les casernes. Un officier Français détaché par le Général de Gaulle les recueille. Discours. Il ne comprend rien et confond les déportés politiques avec les STO."
Au contact des autorités françaises issues du Gouvernement Provisoire de la République Française et des Français restés en France, les déportés ressentent un sentiment d'incompréhension : leur expérience concentrationnaire n'est pas prise en compte, car elle est alors inconcevable et inimaginable pour tous ceux qui ne l'ont pas vécue. Ici, Alexandre Kohn se plaint par exemple d'être confondu avec les Français requis pour le Service du Travail Obligatoire, lequel est créé par les autorités de Vichy pour aider l'Allemagne nazie à soutenir leur économie. Sa déportation à Auschwitz, les crématoires, les sévices subis, le tatouage, les tenues rayées, les interminables appel, les exactions quotidiennes... n'ont pourtant rien de commun avec le STO.