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LE TEMOIGNAGE DE L'ABBE PARGUEL

   L'Abbé Paul Parguel est né le 7 mai 1899 à Millau. Aumônier à Montpellier dans la paroisse Sainte Bernadette, il crée tout un complexe autour de son église au profit de la jeunesse, dont un local scout.

   Arrêté le 8 mars 1944 par la Gestapo, accusé d'avoir organisé des parachutages d'armes et de les avoir dissimulées, il est déporté à Neuemgamme, puis à Dachau. Enfin, il est libéré du camp de concentration de Ludwigschluz et rapatrié en mai 1945.

   Dès son retour, il écrit un livre Â« De mon presbytère aux bagnes nazis, mémoire d'un prêtre déporté en Allemagne Â» publié en 1946 où il évoque son quotidien, sa foi, ses bourreaux, bref son expérience concentrationnaire.  Son livre a été réédité en 2014.

Extrait de son livre, Paul Parguel raconte son retour en France :

   " Le jour de l'Ascension au matin, nous commençâmes en camion, à travers l'Allemagne en ruines, la longue randonnée du rapatriement. Les camions américains qui nous transportaient roulaient à toute vitesse sur les routes défoncées. Cette allure, dans l'état d'épuisement où nous nous trouvions, rendit notre voyage très fatigant.

   En route, nous rencontrâmes un groupe de déportés libérés parmi lesquels je reconnus quelques amis de Schandelah. Je me joignis à eux et nous arrivâmes après huit jours de voyage au dernier village allemand près de la frontière hollandaise.

   Grâce à l'obligeance du lieutenant français et d'un aumônier de l'armée anglaise, je pus, le dimanche 13 mai, célébrer la Messe. C'était ma première messe (je devais célébrer la seconde dans ma chère église de Sainte Bernadette). A cette messe dite aux intentions de tous mes camarades et en action de grâces pour notre délivrance, j'eus la joie de les voir tous communier, quelques-uns firent même alors la seconde communion de leur vie.

Le lundi, nous franchîmes la frontière hollandaise, laissant dernière nous ce pays où nous avions vécu un an dans le mensonge, l'esclavage et l'horreur. La traversée de la Hollande se fit au milieu des acclamations et d'un enthousiasme indescriptible.

   La Belgique elle aussi, malgré ses deuils et ses ruines, nous accueillit avec sympathie et affection. A Bruxelles, j'eus la joie d'annoncer à une cheftaine le retour prochain de quelques Belges qu'elle connaissait, mais aussi la douleur de lui apprendre la mort de notre cher Armand, le chef routier, qui était me dit-elle, très connu à Bruxelles et très aimé de tous les jeunes

 

   La frontière française

 

   Dans notre wagon où régnait une joyeuse et fraternelle amitié nous attendions cet instant avec une grande ferveur. Tout à coup, malgré le bruit du train en marche, nous entendîmes fuser de tous les wagons des hourras enthousiastes et une vibrante Marseillaise que nous reprîmes à notre tour.

   Nous venions de dépasser le poteau-frontière. Désormais c'était la France, si belle malgré les villes ravagées et ses villages brûlés, le cher pays que nous n'avions pas cru revoir."

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